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INTERVIEW
Temps de lecture 5 min

Interview croisée – Jacques & Sébastien

September 26, 2025
Jacques Vienne Sebastien Giraud - Pics Studio

À l’occasion de cette rentrée 2025, nous avons choisi de donner la parole à deux figures essentielles de Pics Studio, qui œuvrent quotidiennement au sein de son cœur stratégique. Jacques Vienne, en charge du développement immobilier, et Sébastien Giraud, Directeur d’Exploitation, ont accepté de se prêter au jeu d’une interview croisée.

Ensemble, ils reviennent sur leurs missions respectives, partagent leur vision, et nous offrent un éclairage précieux sur les dynamiques internes qui façonnent aujourd’hui et demain l’avenir de Pics Studio.

Q1. Pour commencer, pouvez-vous chacun vous présenter et nous parler de votre parcours ?

Sébastien : J’ai d’abord fait mes armes dans la musique avant de bifurquer, au début des années 2000,vers le cinéma. J’ai commencé comme décorateur, puis très vite je suis devenu repéreur de décors, puis régisseur général. En 2019, en discutant avec Alain Guiraudon, on a mis le doigt sur le déficit français en infrastructures de tournage. C’est de là qu’est née l’idée de Pics.

Jacques : Moi, je viens de l’immobilier. J’ai travaillé en France, en Espagne, au Brésil, surtout sur des projets commerciaux ou tertiaires. Et côté loisirs, je suis un passionné de voile hauturière. Avec Pics, j’ai dû me plonger dans un univers totalement nouveau pour moi : comprendre les tournages, les séquences, les flux, les contraintes… J’ai essayé de traduire tout ça dans les plans, comme je l’avais déjà fait pour un centre commercial ou une zone d’activité. Avec une obsession : garder la capacité d’accueillir les évolutions futures, même celles qu’on n’imagine pas encore.

Q2. Ce projet est présenté comme très ambitieux. Pouvez-vous nous donner quelques repères : comment se situe-t'il par rapport aux studios existants ?

Sébastien : Nous l’avons conçu comme un véritable morceau de ville. Quand on aménage un territoire, on pense logement, santé, culture… Nous avons appliqué le même raisonnement : pour fabriquer un film, de quoi a-t-on besoin ? Pas seulement des plateaux et ateliers, mais d’un écosystème complet.
Et dès le départ, trois choix structurants : la décarbonation, grâce à Benoît Ruiz et des solutions comme le béton bas carbone, la ferme photovoltaïque, la géothermie ; le numérique, avec une certification TPN inédite en France ; et enfin, une vision globale du site.

Jacques : Je dirais qu’on est partis du noyau, les plateaux, puis on a construit tout autour : ateliers, loges, post-production, mais aussi formation, auditoriums, hébergement, mobilité… L’idée était d’embrasser tous les besoins, sans en oublier trop en route !

Q3. Vous avez choisi de collaborer avec les architectes L35, Atelier MG et Betem. Qu’est-ce qui a guidé ce choix ?

Jacques : Le professionnalisme avant tout, mais aussi leur vision globale, leur capacité à mêler local et international. On cherchait des partenaires à la fois compétents et pragmatiques, avec une vraie envie de collaborer. Et heureusement, parcequ’après plusieurs années de travail ensemble, il fallait que l’alchimie prenne !

Q4. Comment travaillez-vous ensemble pour traduire les besoins de la filière ?

Sébastien : Jacques a suivi une sorte de formation accélérée en audiovisuel, et moi en immobilier !On a passé des heures à visiter, rencontrer, écouter. Chaque information récoltée devenait un besoin concret à transformer en solution architecturale. Les bureaux d’études se sont parfois arraché les cheveux, mais ils ont toujours trouvé comment rendre nos idées possibles.

Jacques : Au départ, je ne connaissais rien au cinéma. Seb m’a ouvert les portes, on a parlé avec des perruquières, des menuisiers, des électros, des producteurs… Et j’ai compris qu’un studio, ce n’est pas juste un plateau. On s’est enrichis mutuellement.

Q5. Quelles différences avec vos réalisations habituelles, Jacques ?

Jacques : C’est un autre univers, mais la logique reste la même : assembler des briques comme un Lego. La différence majeure ? L’importance vitale des approvisionnements en énergie et en data. Une coupure fibre ou électrique, ici, ça peut coûter beaucoup plus cher qu’à un centre commercial.

Q6. La filière cinéma évolue vite. Comment avez-vous anticipé ?

Sébastien : On a posé la question à tout le monde : des petites prod locales aux majors américaines. Résultat : une offre standard et flexible, et surtout des infrastructures évolutives. Exemple : les murs « fusibles » qui permettent d’ouvrir des portes éléphants plus tard, ou des réseaux dimensionnés dès aujourd’hui pour la production virtuelle.

Jacques : Le mot-clé : évolutivité. Et réversibilité. On a conçu des espaces qui peuvent muter au gré des usages.

Q7. Parlons bas carbone. Concrètement, ça veut dire quoi ?

Sébastien : Chaque composant a été choisi pour son empreinte carbone : béton, acier, peintures, menuiseries… tout. On vise le site le plus décarboné d’Europe, avec un reporting carbone ultra précis pour chaque production. Notre ferme photovoltaïque développera 1 MW et la géothermie produira chaud et froid.

Jacques : Exactement. En partant d’une page blanche, on avait la possibilité –et presque l’obligation – de concevoir le projet le plus vertueux. Et demain, on pourra donner à chaque production son bilan carbone journalier.

Q8. Comment concilier productions nationales et internationales ?

Sébastien : Les attentes convergent : sécurité des données, sécurité des personnes, qualité des infrastructures. On a prévu une gamme de plateaux de 300 à 3 000 m² pour couvrir tous les besoins.

Jacques : Et on a repris les standards américains, les plus exigeants, pour que le site réponde à toutes les attentes, d’ici comme d’ailleurs.

Q9. Avez-vous dû innover ?

Sébastien : Oui, beaucoup. On a conçu nos propres portes éléphants avec des acousticiens, imaginé des plateaux capables d’accueillir du feu ou de l’eau grâce à des systèmes spéciaux, fibré le site à un niveau jamais vu. Rien n’a été laissé au hasard.

Jacques : On a innové, c’est sûr. Mais je préfère garder une part de mystère…

Q10. Les normes, comment les avez-vous gérées ?

Sébastien : Elles s’empilent sans forcément compliquer la vie des productions. Mais l’ERP ou le TPN, par exemple, sont indispensables pour attirer les clients les plus exigeants.

Jacques : On a dû jongler avec une multitude de réglementations :environnement, sécurité, police, accueil du public… Ça a nécessité des dizaines d’autorisations, mais on y est arrivés.

Q11. Pics, ce n’est pas que des plateaux. Comment est née cette vision globale ?

Sébastien : Elle découle directement de l’ADN de nos actionnaires, GGL et Spag. Leur métier, c’est l’aménagement du territoire. Pour eux, c’était évident qu’un studio devait proposer plus que le triptyque classique. Alors on a pensé mobilité, logement, post-prod, technique, formation…

Jacques : Oui, c’est dans leur culture de voir large, d’anticiper les impacts macro. Pics en est l’illustration.

Q12. Et demain, quelle évolution pour Pics ?

Sébastien : On va déjà le faire vivre. Après, on verra !

Jacques : On l’ouvre, on l’exploite, et je suis convaincu qu’il est promis à un grand succès.